Hommage préparé par Céline et Raymonde Lachapelle
Pour le Comité de la condition féminine
Nicole Gendron, Andrée Beaumier, Carole Hamel,
Josette Laplante, Lucille Lemoignan, Louise Tessier.
Le 14 mars 2012
En cette journéée de la Femme 2012,nous rendons hommage à Madame Ginette Morel.
Ginette est née à Montréal en 1943, dans une famille de six enfants. Lorsqu'elle a eu six mois, sa famille est déménagée sur la RiveSud où Ginette passera la majeure partie de sa vie. À ville Jacques-Cartier, la famille vit sur une fermette où animaux et culture permettent d'augmenter les revenus. Tous les enfants sont mis à contribution, car avoir de nombreux animaux et de grands jardins demande beaucoup de travail. C'est probablement à cette époque de sa vie que Ginette a développé son sens de la famille, car les jeux et les tâches se vivent surtout entre frères et sœurs.
Ainsi est née Ginette femme de famille.
Suivant le conseil de son père qui avait souffert d'être enfant unique, elle aura six enfants désirés, quatre garçons et deux jumelles. Elle vivra une grande peine en perdant deux bébés durant ses grossesses. Pour des périodes, qui ont parfois duré quelques années, Ginette et son mari ont accueilli d'autres enfants de la famille élargie.
Ginette femme de famille a connu tout ce qu'implique une maison bien remplie!
Après avoir fréquenté une pré-maternelle et une maternelle privées, Ginette est intégrée en deuxième année pour compléter un nombre insuffisant d'élèves. Elle devra surmonter des difficultés étant donné son manque de maturité et de préparation.
Ainsi est née Ginette femme de travail.
Ginette a toujours fait ses choix en fonction du but à atteindre plutôt qu'en fonction des efforts requis ou des standards de la société. Après avoir complété deux années de cours secondaire, elle est orientée en 10ème année du cours commercial en préparation au monde du travail. Les premiers mois passés, elle informe ses parents de sa décison d'opter pour la 10ième année du cours scientifique ou, sinon, de rester à la maison! Ainsi, de janvier à juin, elle relèvera ce défi et réussira son pari. Elle s'inscrira ensuite à l'école normale Eulalie-Durocher pour y faire son brevet B et, à dix-huit ans, elle intègre le monde de l'enseignement. Travaillant à temps plein, elle continue à suivre des cours et ainsi, en une année, elle complète trente-neuf crédits universitaires, accouche de son premier enfant cinq jours après la fin de cette scolarité et déménage à trois reprises. Elle était alors inscrite à deux universités, à l'encontre des règlements universitaires.
Ainsi se manifeste Ginette la rebelle.
Pour défrayer le coût de ses études à l'école normale, Ginette doit faire un emprunt que son père devra endosser. Une audace pour son âge dans la société de cette époque. Elle se marie à 21 ans et s'installe à Longueuil avec son mari, lui aussi dans l'enseignement. D'un commun accord, ils décident de retarder le moment d'avoir des enfants afin de poursuivre leur formation. Un défi aux conventions du moment. Lors d'une année sabbatique, elle part seule aux États-Unis avec ses trois plus jeunes enfants, qu'elle réussira, malgré plusieurs embûches, à inscrire à l'école là-bas.
Toujours Ginette l'avant-gardiste.
Durant les huit premières années de son enseignement, Ginette a connu huit milieux scolaires. Malgré ce fait, son implication ne se dément pas. Elle n'hésite pas à accepter des tâches au niveau de son équipeécole tant au plan syndical que pédagogique, ce qui l'amène souvent au cœur de conflits. Sans bénéficier d'une libération, elle doit assister à de nombreuses réunions, parfois 21 en une semaine, pour ses différentes activités syndicales. Elle n'aura profité que d'une seule Iibération de trois mois pour travailler en collaboration avec Madame Simone Chartrand à préparer des colloques pour des professeurs de maternelle.
Ainsi vit Ginette la femme d'équipe engagée dans l'action.
Ce même engagement syndical l'amènera à changer d'école, suite à un conflit, pour aller enseigner aux Petits Castors, une école alternative. D'une classe de maternelle, elle se retrouve alors dans un regroupement d'élèves, de la maternelle à la sixième année, qui choisissent leur cursus, s'évaluent et évaluent l'enseignante. Implication, remise en question, rien ne l'arrête, que ce soit dans son milieu de travail ou ailleurs. Ainsi, lors d'une formation à l'Université de Montréal, elle opte pour un parcours atypique qui l'amène à définir elle-même le contenu de sept cours sur dix.
Encore une fois, se manifeste Ginette la femme de défi.
Tous ces rôles de femme qu'elle assume au cours des années comme étudiante, enseignante, mère, ressource d'accueil, syndicaliste, représentante de son milieu, la mènent à devoir se recentrer sur elle-même et se ressourcer. À son retour d'une année sabbatique, envisageant une proche retraite, elle cèdera son poste et changera d'école, pensant ainsi à l'avenir de son milieu plutôt qu'au sien.
De nouveau voici Ginette la femme de coeur et d'équipe.
Après trente-trois années d'enseignement au préscolaire et à l'élémentaire, Ginette prend sa retraite à 51 ans, avec des projets plein la tête. Mais la femme de famille, de travail, d'équipe, d'action, de défi, de cœur, avant-gardiste et rebelle est encore là. Membre de l'AREQ du Vieux-Longueuil, elle occupera rapidement des postes de décision de 1996 à 2011 : présidente du secteur Longueuil, trésorière de la région Montérégie, première vice-présidente Montérégie, membre du comité de la condition féminine sans oublier toutes ses autres activités bénévoles au service de la communauté des aînés et des jeunes de la Rive-Sud. C'est à elle que nous devons de vivre l'activité des Retrouvailles au Parc Michel-Chartrand et le party de Noël au Parcours du Cerf.
Ginette, féministe engagée a même été coordonnatrice pour la Marche mondiale des femmes en Montérégie et membre du comité organisateur pour Montréal, Ottawa, New York en 2000.
Suite à une séparation dans l'harmonie, Ginette déménage en Estrie où elle continue son questionnement et poursuit sa démarche de connaissance de soi en se rendant aux État-Unis pour y suivre des ateliers de croissance personnelle. Elle décide d'apprendre l'anglais et trouve un moyen original pour y parvenir. Elle invite une américaine, rencontrée par hasard, à venir vivre quelques semaines chez elle où elles pourront toutes les deux apprendre la langue de l'autre. Elles sont devenues amies. Ginette continue de suivre des cours, de donner des ateliers, de participer à des groupes de discussion. Dans sa petite maison de campagne, ancienne école de rang, elle apprivoise vivre avec elle-même et pour elle-même. Elle y remplit encore ses journaux de bord, reflets de son passé, de son présent et de ce qu'elle veut atteindre.
Ginette femme d'exception, nous te rendons hommage.