Hommage à Louis-Philippe

prononcé par Yvan Parent

Issu de parents enseignants, ce conseiller en orientation commence sa carrière de bénévole très tôt. Il fréquente l’école primaire où son père enseigne. Celui-ci fait appel à son fils inscrit dans la classe de troisième année pour expliquer à ses élèves de cinquième année des notions de français qu’ils ont de la difficulté à appliquer. C’est le début de son engagement qui se poursuivra tout au long de sa vie.

Engagé comme moniteur au terrain de jeu dirigé par la fabrique paroissiale avant que la ville en assume la responsabilité, il constate que la journée se prolonge au-delà de l’horaire déterminé par son employeur. Très tôt le matin, les jeunes viennent chez lui pour l’accompagner dans son trajet vers le parc et ils tiennent à le raccompagner pour son retour chez lui prolongeant ainsi sa journée de travail. Il est heureux avec les jeunes et son contact avec eux lui indique qu’il est à sa place.

Le temps passe et on le recrute régu­lièrement pour remplacer les absents à l’arbitrage au baseball. Son attrait pour ce sport et la reconnaissance de ses aptitudes le conduisent vers la haute compétition. Malgré certaines lacu­nes, il devient un pilier dans l’équipe junior et connaît une brillante carrière. Disqualifié par l’âge, il cesse sa carrière de joueur et devient responsable dans la direction de l’équipe. Son entregent et son sens des responsabilités le mènent au poste de président. Ce sera le début de son engagement pour assumer plu­sieurs présidences. On vient de l’in­former qu’il sera intronisé à Baseball Québec au titre de responsable et de développeur de talents.

Les élèves de la ville sont peu nom­breux à poursuivre des études supé­rieures. La commission scolaire décide donc de donner des bourses d’études pour inciter les élèves à continuer leurs études et il sera du lot des boursiers. Déjà en sixième année, son institutrice lui confie la responsabilité de ses propres apprentissages pendant qu’elle s’occupera des autres élèves. Elle a raison, car il apprend facilement. Sa réussite n’a jamais été mise en doute.

L’exemple des parents et ses capa­cités personnelles le conduisent vers des études universitaires. À l’école pri­maire, on dit de lui, derrière son dos, que c’est un « bollé », ou parfois un « nerd », mais il sait très bien qu’il a beaucoup reçu à la naissance et qu’il n’a qu’à faire profiter ses dons. Il se rappelle régulièrement la parabole des talents apprise à l’école primaire et qui l’influence tous les jours. La vie lui a permis de conseiller des vedettes de baseball comme Éric Gagné « game over », Russel Martin et d’autres au hockey comme Françis Bouillon et Ian Laferrière. Dernièrement un journaliste d’une télévision locale lui rappelle qu’il lui a jadis conseillé d’aller dans le domaine de l’information. Une belle réussite!

Ce verbomoteur continue activement, inlassablement et infatigablement à donner à la communauté. Recruté par Héma Québec, il parcourt la région à la recherche de donneurs de sang dans le programme d’aphérèse pour ceux qui acceptent que leur sang soit traité immédiatement. C’est plus long, mais très efficace. Il va d’une clinique à l’autre comme celle des Canadiens de Montréal pour solliciter de nouveaux membres.

Un jour, lors d’une clinique, une infirmière remarque qu’il a du sang sur sa chemise au niveau du dos. Elle constate qu’il a un bouton qui ne lui inspire pas confiance et elle lui dit de consulter rapidement. Il apprend à l’hô­pital qu’il a un mélanome (tumeur cuta­née) et qu’il doit subir une opération. Le hasard le favorise et rapidement il est opéré dans un hôpital spécialisé dans les mélanomes. Ce qui est remar­quable, c’est sa façon de vivre cette épreuve. Il n’a pas paniqué et il a conti­nué à vivre ses journées un jour à la fois et sans s’arrêter aux conséquences de cette tumeur. Cette façon de réagir lui est toujours d’une grande utilité.

Ce père de trois enfants a une philosophie de la vie très intéressante. Depuis sa jeune enfance, il s’est mis au service de ses semblables sans s’at­tarder sur les misères de la vie. Quand l’on construit, on ne peut s’attarder à se lamenter sur nos petits bobos. Ils sont là, mais pas question de s’arrêter de vivre. J’ai des engagements et peut-être qu’en m’occupant d’eux je m’oublierai et ceci s’ajoutera aux remèdes pour passer au travers d’une épreuve. La vie ce n’est pas « du cotonnel »; c’est un combat comme nous l’a rappelé le lutteur Maurice « Mad Dog » Vachon avant son dernier compte de trois. Cet ancien champion olympique nous cite même Victor Hugo : « la vie appartient à ceux qui luttent ». Voilà l’exemple que nous communique aussi cet homme au crépuscule de la vie.

Ce bénévole qui dit présent à tous ceux qui lui soumettent une cause honorable est un exemple pour tous les membres de l’AREQ du secteur du Vieux-Longueuil. D’avoir dans notre entourage un homme exemplaire et de pouvoir compter sur lui nous rassure. Le comité des hommes qu’il a mis sur pied avec quelques membres répond à un besoin d’atténuer la souffrance qui affecte des confrères. Aux prises avec des problèmes difficiles, nous devenons souvent vulnérables. L’amitié, comme l’amour, devient souvent un remède pour apaiser la douleur et donner du courage à ceux qui sont éprouvés.

Salut Louis-Philippe Grenier!