Hommage à Françoise Farly Nolet

prononcé par Yvonne Bertrand

Françoise, petit bout de femme pleine d’énergie, tu t’es faite arrêter par les deux choses que tu ne pouvais contrôler : la maladie et la mort.

Comment raconter 32 ans de vie au sein de notre organisation l’AFÉAS St-Robert en quelques mots? C’est pratiquement impossible. Il y aurait tant à dire, mais je dois me restreindre. Tu avais donné beaucoup aux jeunes et maintenant tu voulais transmettre tes connaissances en travaux manuels aux femmes et, le seul moyen, c’était de trouver un mouvement pour le faire.

En 1974, avec l’aide de certaines femmes, vous avez décidé de fonder un Cercle d’AFÉAS dans notre milieu, ici à St-Robert, en pensant que cela donnerait la chance aux femmes de se rencontrer, de sortir de leur cuisine et de se connaître. Par la même occasion, elles pourraient apprendre qu’elles avaient des droits comme personnes même en étant femmes, des techniques d’artisanat connues par nos grand-mères et qui étaient oubliées par plusieurs d’entre nous et aussi un moyen de les divertir. Vous avez débuté le mouvement avec 49 membres, nous en avons déjà eu +de 140 et aujourd’hui nous ne sommes que 25 membres mais toutes très actives et très contentes de faire partie de notre belle association. Tu n’as pas donné ton cœur à la cause de l’AFÉAS pour rien, tu t’es investie au niveau local avec beaucoup de joie et de travail, à la Région et même au niveau Provincial. Tu nous as beaucoup donné. Que d’expositions nous avons organisées avec toi! Cela permettait de mettre en valeur les travaux que nous avions accomplis lors des cours que nous prenions pendant l’année et cela clôturait notre année AFÉAS. Que de dossiers concernant les femmes nous avons développés et toujours avec beaucoup de chaleur et de joie!

Nous avons fait de l’emballage de cadeaux pendant les Fêtes au Centre Commercial (c’était pour amasser des sous pour payer les professeurs pour nos cours), il y avait toujours ton amoureux qui t’accompagnait et venait nous aider sans contrainte et beaucoup de joie (il y avait beaucoup de femmes autour de lui, très heureux notre Alfred) mais aussi d’autres hommes partageaient les tâches car nous trouvions le moyen de les incorporer dans nos idées afin qu’ils puissent admirer le travail de leur épouse car si une femme est heureuse tout le monde l’est autour d’elle. Ayant perdu le droit de faire cette activité, on se demandait comment on ferait pour avoir un moyen de financement. C’est alors que M. Le Curé Landry a approché l’AFÉAS avec une suggestion : faire des repas après les funérailles, ici dans la paroisse, car il avait reçu plusieurs demandes. Suite à cette demande, Françoise a accepté tout de suite la présidence de ce comité . Tu en as fait des sandwiches, de la soupe, des crudités avec l’aide de femmes bénévoles qui venaient t’aider avec joie et bonne humeur (même ton époux mettait les mains à la pâte)! Ce Comité dure toujours, cela fait maintenant 22 ans.

Tu nous as transmis tellement de belles valeurs, de belles techniques artisanales. Que de soirées joyeuses nous avons passées dans ton sous-sol de la rue Fontainebleau! C’était presque devenu notre 2ième chez-nous. Tes chaises berçantes, c’était qui arriverait la première pour pouvoir en avoir une. Les courtepointes que nous piquions toutes avec joie, le tissage, enfin tous les cours qui y furent organisés, cela ne nous coûtait pas de local et tu n’acceptais rien de nous, c’était tellement chaleureux. De retour à la maison, Alfred était toujours content de nous voir car sa Ma Mie était heureuse. Il admirait ce que ses petites mains accomplissaient, tout était beau lorsque c’était Françoise qui l’avait confectionné car, si vous ne le saviez pas, il était même couturier, il l’aidait à faire ses robes (l’ajustement, prendre la mesure de ses bords, car elle était très coquette notre Françoise et ne trouvait jamais sa grandeur de vêtements dans les magasins, elle était tellement grande). Françoise tu es une très GRANDE DAME et tu le seras toujours dans nos cœurs.

Tu ne te fâchais jamais en faisant des éclats de voix, tu ne parlais jamais fort, pas besoin, tu savais faire passer tes messages quand même. Tu as fait beaucoup pour les femmes, tu voulais tellement de changement dans leur vie, nous t’en remercions pour le petit grain de sable que tu as aidé à introduire dans l’engrenage des lois; il y a eu quelques ratés grâce à toi et à toutes les femmes qui y ont participé à ce dérapage. Tant mieux pour nous les femmes mais il en reste encore à faire. Tu n’étais pas seule mais tu y as collaboré. Pour toi le mot impossible n’existait pas, tu disais que toute personne qui avait 2 mains pouvait faire des choses si elle le désirait vraiment et c’était vrai.

La première fois que je t’ai rencontrée, je devais avoir environ 13 ans, tu demeurais avec tes 2 sœurs chez M. Maurice Lagacé sur la rue Papineau, ici à Longueuil. Je n’ai jamais pensé qu’un jour je serais appelée à faire ton éloge lors de ton décès. Ce fut un grand honneur pour moi de t’avoir connue; tu m’as apporté beaucoup ainsi qu’à toutes tes compagnes AFÉAS.

Maintenant, il faut que je termine. À toi, Françoise, qui portait plusieurs chapeaux, celui de notre Mère Supérieure, de grande amie, de fondatrice, d’encyclopédie vivante (car pour nous tu connaissais tout), pour Alfred ton amoureux, ton compagnon, celui de Ma Mie… à toi, je dis : «Tu seras toujours dans nos cœurs et dans nos pensées».

Au revoir Françoise, je ne te dis pas BON REPOS, car te connaissant je suis certaine que là-haut tu vas vouloir changer des choses. Ils sont mieux de bien se tenir car elle arrive.

Je t’aime et je crois que toutes tes compagnes AFÉAS anciennes et présentes partagent ce sentiment avec moi.

Bonjour à toi notre Grande Amie, notre Compagne.

Yvonne Bertrand
Présidente AFÉAS