Françoise Farly Nolet

Une vie de dévouement

C’est en 1922 que Françoise voit le jour à Saint-Elphège. Deuxième d’une famille de 7 enfants, notre fillette passe une enfance heureuse près de parents très catholiques. À l’âge de 5 ans, durant sa première année d’école, elle est choisie pour réciter un compliment à monsieur le curé. Depuis, cette élève talentueuse fera toujours partie des rôles importants lors des séances étudiantes. Studieuse et ambitieuse, Françoise, lorsqu’elle fréquente le premier cycle de l’école primaire pleure quand elle n’est pas première. Après avoir fréquenté l’externat elle poursuit ses études secondaires au pensionnat de son village.

À la maison, c’est à elle que l’on confie les plus jeunes pendant que la mère et l’aînée vont aider le père à différents travaux de la ferme.

En 1939, elle obtient son diplôme complémentaire et débute dans une école de rang à Saint-Zéphirin.

C’est une école sans eau potable avec un salaire de 140 $ par année! Elle se rend toujours avant l’arrivée des enfants et quand la température l’exige elle chauffe le poêle à bois. Dès cette première année d’enseignement, Françoise tient à payer sa cotisation syndicale à l’association des institutrices rurales.

Comme les institutrices d’alors n’avaient aucune protection, Françoise était remerciée de ses services à chaque année. On la rembauchait au mois d’août si elle faisait l’affaire. Après 2 ans, elle et sa sœur sont remerciées car on veut les remplacer par des institutrices demeurant dans la municipalité. Françoise et sa sœur seront engagées à Sainte-Majorique. L’aînée au village et Françoise dans le 4ème rang.

Comme à chaque année elle est remerciée de ses services, après trois ans à Sainte-Majorique Françoise décide de rester à la maison pour aider sa mère.

En février, l’occasion se présente de remplacer une institutrice. L’année suivante on la réengage. Comme le salaire n’est que de 400 $ après 7 ans d’expérience, Françoise et les 4 autres institutrices décident d’aller en arbitrage. Elles espèrent un salaire raisonnable et de meilleures conditions de travail. Les 5 institutrices sont remerciées et il faut se chercher du travail ailleurs.

C’est en 1946 que la loi abolira l’arbitrage pour les commissions scolaires rurales.

Puis vient l’engagement à Notre-Dame-de-Pierreville où sa sœur enseigne depuis deux ans. À la fin de l’année scolaire, Françoise est de nouveau remerciée.

Elle se où elle sera en septembre prochain. Finalement elle reçoit la visite des commissaires de Sainte-Majorique. Ils lui offrent d’enseigner au village dans une classe à 3 divisions et 200 $ de plus qu’à Notre-Dame-de-Pierreville. Il faut dire que les commissaires de cette dernière paroisse étaient venus eux aussi lui offrir un contrat et ce le même jour. Françoise choisit Sainte-Majorique!

Elle restera 3 ans à l’école du village puis retournera à l’école de rang où elle avait déjà enseigné.

Douze ans ont passé dans l’enseignement en milieu rural. Nous sommes en 1951. Sa jeune sœur vient d’obtenir son brevet supérieur et s’engage à Longueuil. Pourquoi Françoise ne l’accompagnerait-elle pas?

Dans cette grande agglomération, se dit-elle, il y a de l’électricité et plus de confort. Autre fait à considérer, cela lui permettrait davantage de stabilité pouvant enseigner plus d’une année dans la même école.

Celle-ci est engagée comme suppléante à la Commission scolaire de Longueuil-paroisse, devenue par la suite La Commission scolaire Jacques-Cartier.

Une semaine plus tard, elle fait de la suppléance en 6è année et le soir même elle est engagée à l’école Notre-Dame-de-Fatima pour enseigner aux garçons du primaire.

Après deux ans, nous la retrouvons en première année à l’école Lambert-Closse.

Une épreuve se présente. Une erreur de la Commission scolaire lui assigne une classe de 8è et 9è année! Elle a souvent pleuré, nous dit-elle.

Puis nous la retrouvons à Bourgeoys-Champagnat pendant une dizaine d’années. C’est là qu’elle termine sa carrière après 35 ans d’enseignement.

Trois fois elle a reçu la prime de monsieur l’Inspecteur.

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Pendant 18 ans, elle sera secrétaire ou vice-présidente de l’Association des enseignants de Longueuil-Jacques-Cartier. Françoise comprend l’importance de l’union pour l’obtention de meilleures conditions de travail, sans oublier un salaire égal pour les deux sexes.

Un jour, en vendant des cartes pour la CEQ Françoise Farly fait la connaissance d’Alfred Nolet qui deviendra son mari. N’est-ce pas une heureuse rencontre pour une syndicaliste dévouée?

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À la retraite, madame Farly Nolet s’occupe de l’Association des Retraités de l’enseignement. Elle constate que le secteur Longueuil compte beaucoup de membres dû au grand nombre d’enseignants qui arrivent à la retraite. C’est pourquoi, sous sa présidence on en vient à la décision de créer par séparation les secteurs Boucherville, Sorel, de Lajemmerais et de l’Hexagone.

Françoise sera vice-présidente durant deux ans et ensuite présidente du secteur Longueuil pendant 5 ans, le tout de 1985 à 1992. Elle connaît toutes les figures et tous les noms.

Parmi ses réalisations nommons-en quelques-unes mises sur pied grâce à son initiative : la chorale Les Myosotis, la Sax-O-Phonie, les déjeuners-causerie, la chaîne téléphonique, la journée de la non-rentrée, etc.

L’AREQ bénéficie aussi de ses talents de cuisinière durant de nombreuses années. C’est elle qui organise les lunchs succulents lors de nos importantes assemblées de secteur.

Et comme pour mettre un point d’orgue à son rôle de présidente de l’AREQ de Longueuil, elle organise magistralement la session régionale de mai 92 au Rossignol.

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Que peut-elle faire en plus pour améliorer la qualité de vie des gens de son milieu, de la paroisse St-Robert en particulier? Elle a été membre du comité provisoire à la fondation de la Caisse populaire de Lyon.

En 1974 lors de la prise de sa retraite, elle fonde avec une autre dame l’AFÉAS de Saint-Robert. Après 4 ans à la présidence du cercle de sa paroisse, elle est élue vice-présidente de la Région de Saint-Jean.

L’AFÉAS est une association qui fait des recommandations aux différents gouvernements au sujet des femmes : reconnaissance des acquis, le régime des rentes, la femme collaboratrice, la reconnaissance de la femme au foyer, la violence, le partage des biens du patrimoine.

Après 3 ans à l’association régionale de Saint-Jean, Françoise revient à l’association de Longueuil où elle est responsable du comité de réceptions après les baptêmes et les funérailles, du comité d’emballage de cadeaux tout d’abord à la Place Désormeaux pour aider son association, puis à la Place Longueuil, au profit de l’UNICEF.

Elle s’occupe aussi du comité d’art et culture.

Françoise propose aux dames de tricoter de petites «pattes de bébés» pour les nouveaux baptisés de la paroisse.

Cette habile couturière est en charge de la confection des rideaux pour le Centre communautaire Saint-Robert. Le sous-sol de sa maison est disponible pour celles qui participent à divers ateliers. Les gens de sa paroisse sont toujours étonnés de la facilité avec laquelle elle répond aux questions des gens de son milieu.

Elle est aussi l’organisatrice de l’exposition des travaux des membres.

En 1988, lors d’un concours provincial, « La mode à travers les âges », Madame Nolet conçoit et réalise une robe d’époque 1900, que portait Alice Roosevelt en fin d’après-midi, à l’occasion du thé. Elle remporte le premier prix qui rejaillit sur l’AFÉAS de Saint-Robert.

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Vous ne serez pas surpris d’apprendre que Françoise fait tous ses vêtements. Elle s’adonne à beaucoup de travaux d’artisanat comme le tricot, le filet, la broderie, la courtepointe etc. Madame Nolet est aussi bonne cuisinière. C’est pourquoi elle aime partager ses nouvelles recettes avec ses amies.

Dans sa maison, elle cultive beaucoup de plantes, surtout des violettes africaines. Que c’est beau à voir dans le soleil tamisé!

L’été, elle s’occupe des fruits et légumes de son jardin.

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Comme on le sait, Françoise a épousé monsieur Alfred Nolet qui, comme elle, est toujours disposé à rendre service. Cette épouse discrète, effacée, le seconde aux Loisirs Saint-Robert durant plusieurs années. Ensuite, c’est à La Maison du Réveil qu’elle apportera sa collaboration à monsieur le président Alfred Nolet qui est responsable de 700 retraités.

Lorsque la santé est encore là, elle et son mari quittent toutes activités soit pour une croisière, un voyage en Europe ou dans les îles du sud. L’été, ils font d’agréables excursions en province et l’hiver du ski de randonnée.

Âgés tous deux de plus de quatre-vingts ans, ils vivent maintenant un repos bien mérité à Boucherville.

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Derrière sa petite taille, apparaît une grande dame toujours prête à nous écouter. C’est à la fois une femme simple, cultivée, dévouée et pleine de talents.

Merci pour votre implication auprès des enfants. Merci pour votre implication chez les enseignants en exercice et chez les membres de l’AREQ.

Nous vous devons beaucoup et la reconnaissance remplit nos cœurs.

Maintenant, chère Françoise, continuez la voie qui vous est tracée en compagnie de votre cher époux, sachant toute l’admiration de ceux et celles qui vous ont côtoyée.

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Mme Françoise Farly Nolet nous a quittés, lundi 29 janvier 2007, à l’âge de 84 ans. Elle laisse dans le deuil son époux bien-aimé : M. Alfred Nolet ainsi que les membres de la parenté.

Les funérailles ont eu lieu à la paroisse Saint-Robert de Longueuil. Des hommages mérités et chaleureux lui furent rendus. Plus de deux cents personnes assistèrent à cette belle cérémonie empreinte du sceau de la reconnaissance.

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Lucie Charette
Membre de l’AREQ Secteur du Vieux-Longueuil
8 février 2007


Les divers documents que madame Françoise Farly Nolet a conservés lors de chaleureux hommages reçus tout au long de sa carrière, m’ont aidée à écrire ces quelques pages. Je remercie madame Nolet et son mari de leur disponibilité à mon égard.

Ces documents avaient été écrits par :

Fleurette Barbeau et Carmen Duchemin (Cercle AFÉAS St-Robert)
Léontine Mondat (AREQ secteur Longueuil) 16/09/92, 5/03/01
Sylvie Daigneault prés. Régionale de l’AFÉAS St-Jean-Longueuil-Valleyfield 6/07/95
Jacqueline Manseau 5/03/01 Gisèle Lebel et Lucille Lalancette Carmen Duchemin AFÉAS, Longueuil 4/05/02